Afrique du Sud : reformes agraires et exode de fermiers blancs

Les couleurs agricoles de la nation arc-en-ciel ne semblent plus retenir les fermiers blancs. Selon les informations de l’AgriSA, grand syndicat des agriculteurs, environ 50 fermiers exprimeraient chaque mois le désir de tenter leurs chances chez les voisins du Nord tels que le Mozambique, le Botswana, la Zambie ou encore la République Démocratique du Congo.   A ce jour 950 fermiers sud-africains auraient déjà jeté l’ancre au Mozambique, dans les secteurs de la canne à sucre, de la banane et de l’élevage des bovins. La principale cause de cet exode des fermiers reste l’incertitude sur la direction que pourrait prendre la reforme agraire. En effet, durant sa campagne électorale il y a plus de 3 ans, l’actuel président avait promis un transfert, aux agriculteurs noires, de 30% de terres agricoles appartenant aux agriculteurs blancs, d’ici 2014. Pour l’heure, seulement 7% des terres ont été redistribuées et les fermiers blancs détiennent encore 87% des terres arables du pays. Maintenant qu’il entame la dernière pente de son mandat et que les crises économiques et sociales s’invitent sur la scène, la question des reformes agraires est de retour. Aussi les grèves chroniques depuis le début du mois témoignent de la tension grandissante dans les milieux agricoles. Les ouvriers par exemple exigent que le salaire minimal journalier passe de 8.5 à 18 dollars.   Les fermiers craignent que sous cette pression sociale le gouvernement ne prenne des mesures qui à long terme pourraient avoir des conséquences désastreuses sur le métier. Par ailleurs, les experts regardent d’un œil critique et prudent les reformes que le gouvernement Zuma met en place. Une action à la va-vite conduirait au scénario du Zimbabwe qui aujourd’hui n’est pas un exemple à suivre. Une mise en place réussite de la reforme demande beaucoup de sérieux et de préparation.

D’autre part le budget prévisionnel initial du programme s’élevait à près de 5 milliards de dollars et le pays n’a pas encore dégagé les fonds nécessaires. Il convient cependant de rappeler que contrairement au Zimbabwe, en Afrique du Sud l’enjeu agricole est beaucoup plus politique qu’économique, en effet le secteur agricole ne représente que 3% du PIB et environ 7% des emplois.