Zimbabwe: L’armée écourte prématurément l’ère Mugabe

Après une semaine de résistance, le désormais ex-président zimbabwéen Robert Gabriel Mugabe a transmis sa lettre de démission au Parlement, a annoncé ce mardi 21 novembre, le président de l’Assemblée nationale du Zimbabwe, Jacob Mudenda.

Agée de 93 ans et après 37 ans de pouvoir sans partage, l’indéboulonnable président Robert Mugabe a démissionné de ses fonctions ce mardi, à Harare. Il était placé en résidence surveillée depuis l’intervention de l’armée mercredi dernier.

Au moment où les parlementaires zimbabwéens s’apprêtaient à débattre de la destitution de Mugabe, le président de l’Assemblée nationale va lire sous les applaudissements des élus, le document qu’il venait de recevoir de Mugabe et dans lequel il déclare : «Moi Robert Gabriel Mugabe (…) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat».

«J’ai choisi volontairement de démissionner. Cette décision a été motivée par mon désir d’assurer un transfert du pouvoir sans problème, pacifique et non violent», a expliqué Robert Mugabe dans sa lettre.

Dans les rues de Harare, la capitale, les habitants se sont livrés aux scènes de joie, remerciant l’armée d’avoir libéré le peuple de la dictature du clan de Mugabe et de son épouse Grace.

Depuis le coup de force de l’armée il y a une semaine, provoqué par la révocation du vice-président Emmerson Mnangagwa, le président Robert Mugabe avait perdu un à un ses principaux soutiens y compris ses alliés dans le parti Zanu-PF au pouvoir. L’heure de la fin de règne a donc bien sonné au Zimbabwe, l’un des pays les plus pauvres au monde.

Surnommé le « crocodile » pour son caractère impitoyable, Emmerson Mnangagwa a longtemps attendu son heure. A 75 ans, cet ancien bras droit de Robert Mugabe est en passe d’atteindre son but: succéder au maître incontesté du Zimbabwe.

D’autant qu’il a déjà été choisi dimanche pour remplacer Robert Mugabe à la direction du parti au pouvoir, la Zanu-PF.

Deux semaines plus tôt, pourtant, son avenir semblait compromis. Victime des ambitions politiques de la Première dame, Grace Mugabe, l’ex-vice-président a été limogé de ses fonctions et perdait ainsi son statut de dauphin naturel du chef de l’Etat, mais sa déchéance n’aura duré que quelques jours.

Après son éviction de la vice-présidence la semaine dernière, il a spectaculairement rompu avec Robert et Grace Mugabe en les accusant de se prendre pour des « demi-dieux » et en dénonçant un président « qui pense être en droit de diriger le pays jusqu’à sa mort ».