Kagame à Chicago : Une visite mi-figue mi-raisin

Le week-end dernier, Paul Kagame, Président du Rwanda, était à Chicago pour une journée destinée à promouvoir la culture du pays et des investissements en son sein. Alors qu’il était l’objet de manifestations hors de l’hôtel dans lequel se passaient l’évènement, le même homme politique faisait figure de véritable héros pour ses convives.

Encore une fois, la piètre situation des Droits de l’Homme au Rwanda est reprochée à son homme fort. Aussi, le président a eu droit à tous les qualificatifs :  « Kagame, criminel de guerre » ou « Kagame, terroriste »  pouvait-on lire sur certaines pancartes brandies par 300 à 400 manifestants. Du nombre de ceux-ci étaient d’anciens collaborateurs de Kagame, aujourd’hui en exil, dont, Théodore Rudasingwa, son chef de cabinet d’antan et Gérald Gahima, ex-Procureur Général, tous deux réunis dans un parti d’opposition créé aux USA en 2010, le Congrès National Rwandais. En gros, cette opposition réclamait l’arrêt des violations des Droits de l’Homme au Rwanda ainsi que des violences perpétrées par les forces rwandaises au Congo Démocratique, plus de liberté d’expression et justice concernant les crimes commis lors du génocide de 1994 et aussi dans la suite.

Dans l’hôtel abritant la journée rwandaise, l’ambiance était tout autre : la diaspora rwandaise d’Amérique du Nord favorable au pouvoir, des ministres et des businessmen étaient présents autour de Kagame. Comme un symbole, le pasteur Jesse Jackson, défenseur des droits civiques, a rendu hommage à Kagame, « un grand dirigeant qui a sorti sa nation de la tombe pour qu’elle vive à nouveau ». Après cela, alors que la presse internationale a retenu les manifestations contre Kagame comme faits principaux, les journaux rwandais n’y ont même pas fait allusion. D’où, quelque part, les opposants militaient avec raison. Mais, parmi eux, figuraient des amis d’hier de Kagame. Ceux-là se sont tus tant qu’ils bénéficiaient des faveurs du chef. Comme ceux qui étaient confortablement assis à l’intérieur de l’hôtel. Bref, l’intérêt majeur des nations est souvent sacrifié sur l’autel de profits égoïstes. Nous en avons ici une parfaite illustration.