Guinée : un « Oui » massif au référendum, entre plébiscite et contestation

En Guinée, les résultats partiels du référendum constitutionnel du 21 septembre font état d’un soutien écrasant au projet de nouvelle Constitution. Selon la Commission électorale, 90,6 % des votants ont approuvé le texte, avec un taux de participation annoncé de 91,4 % sur plus de la moitié des circonscriptions déjà dépouillées.

Ce résultat marque un moment décisif pour la transition politique pilotée par le général Mamadi Doumbouya. Le projet prévoit un mandat présidentiel de sept ans renouvelable une seule fois, l’instauration d’un Sénat et ouvre la voie à une éventuelle candidature de l’actuel chef de la transition lors de la future présidentielle.

Cependant, derrière ce plébiscite se dessinent des lignes de fracture. L’opposition avait appelé au boycott, dénonçant un processus jugé illégitime et dénonçant une « Constitution taillée sur mesure » pour prolonger la présence de Doumbouya au pouvoir. Le contraste entre le taux de participation annoncé et la faible mobilisation observée dans certaines zones nourrit aussi les soupçons de manipulation.

Si les autorités mettent en avant une « adhésion populaire » et la volonté de tourner la page des anciennes crises institutionnelles, les résultats traduisent surtout l’absence d’un véritable débat pluraliste. L’opposition, marginalisée, risque désormais de voir sa base renforcée dans la rue plutôt qu’au sein des institutions.

Dans un contexte régional marqué par des transitions militaires souvent contestées (Mali, Burkina Faso, Niger), le cas guinéen illustre le dilemme des juntes : rechercher une légitimité à travers les urnes, tout en verrouillant le jeu politique. Le test décisif viendra avec les élections à venir : ce référendum, loin de clore la transition, pourrait bien en compliquer l’issue.