Au Sénégal, la décision du Premier ministre Ousmane Sonko de rejeter une proposition du Fonds monétaire international (FMI) visant à restructurer la dette du pays continue de provoquer des remous. Depuis lundi 10 novembre, les eurobonds sénégalais — titres d’emprunt émis sur les marchés internationaux — ont perdu près de 5 %, signe d’une méfiance accrue des investisseurs.
Le week-end dernier, Ousmane Sonko avait affirmé avoir écarté toute restructuration de la dette publique, préférant préserver « la souveraineté financière du Sénégal ». Le FMI, de son côté, n’a pas confirmé qu’une telle offre avait été officiellement formulée, mais a reconnu la nécessité de « discussions techniques approfondies » avec Dakar.
Selon plusieurs analystes, la réaction des marchés reflète la crainte d’un déséquilibre budgétaire durable. La dette publique sénégalaise atteint désormais 132 % du PIB, un niveau jugé critique. « Si le FMI propose de restructurer, c’est qu’il estime que la dette n’est pas soutenable dans sa forme actuelle », explique un expert financier.
Le gouvernement compte, pour sa part, améliorer ses recettes et réduire les dépenses, notamment par de nouvelles taxes, dont certaines — comme celle sur le mobile money — suscitent déjà la contestation. Mais le FMI avertit que « le rendement fiscal attendu reste incertain » et appelle à plus de prudence dans les projections budgétaires.
La tension entre Dakar et l’institution financière illustre la fragilité du cadre économique sénégalais, dans un contexte de hausse des coûts de financement et d’attentes sociales fortes. Les discussions entre les deux parties doivent reprendre cette semaine, sans calendrier précis.
Un test crucial pour le gouvernement Sonko, qui doit rassurer à la fois ses partenaires internationaux et une population déjà éprouvée par l’austérité.
