Au Mali, trois hauts responsables militaires ont été limogés mercredi 22 octobre : le chef d’état-major adjoint des armées, le chef d’état-major de l’armée de terre et le directeur de la sécurité militaire. Ces remplacements traduisent un malaise profond au sein des forces armées, sur fond d’offensive jihadiste persistante.
Selon plusieurs sources sécuritaires, les officiers évincés sont accusés de laxisme et de désorganisation alors que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda, multiplie les attaques et impose un blocus du carburant depuis plus d’un mois. Malgré les discours officiels sur la montée en puissance de l’armée, les pertes s’accumulent et le terrain se rétrécit.
Pour le politologue malien Oumar Berté, ces changements ne traduisent pas une nouvelle stratégie mais la volonté du pouvoir de placer des fidèles à des postes-clés. Les nouveaux promus, les généraux Élisée Jean Dao, Sambou Minkoro Diakité et Toumani Koné, sont réputés proches du ministre de la Défense Sadio Camara et du président de Transition Assimi Goïta.
Ce remaniement survient après une purge d’ampleur en août : une dizaine d’officiers, accusés de conspiration, ont été radiés et détenus dans des lieux secrets.
Dans le même temps, Bamako a suspendu la reprise de la compagnie Diarra Transport, menacée par le Jnim pour sa supposée collaboration avec l’armée. Les jihadistes ont posé leurs conditions pour rouvrir les routes : voile obligatoire pour les femmes et fin de la coopération avec les forces de sécurité.
Entre méfiance interne et pression extérieure, la Transition malienne tente de préserver son autorité dans un contexte d’affaiblissement militaire et politique croissant.