L’ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, écarte l’idée de réparations liées au passé colonial portugais. Dans une interview à l’agence Lusa, il affirme préférer une “bonne coopération” et des investissements réciproques entre le Portugal et le Mozambique.
« Les réparations passent par des investissements et une collaboration sincère. Les Mozambicains apprennent aussi à investir et pourront, eux aussi, le faire au Portugal », affirme-t-il. À 85 ans, Chissano, figure historique de la lutte pour l’indépendance, insiste sur une relation égalitaire : « Grandir ensemble, sans supérieurs ni inférieurs, tel est l’esprit. »
Il se remémore les débuts de la lutte armée contre le colonialisme, notamment l’échec de l’opération militaire portugaise “Nœud gordien” en 1970, qui avait pourtant mobilisé 35 000 soldats. Cette victoire a renforcé la conviction des indépendantistes.
Chissano a succédé à Samora Machel après son décès en 1986 et fut le premier président élu démocratiquement en 1994. Il rappelle que les négociations post-coloniales avec le Portugal, après le 25 avril 1974, ont été marquées par le respect mutuel. « Ce n’était pas une guerre contre un peuple, mais contre un système colonial et raciste. »
Alors que l’Union africaine déclare 2025 « Année de la justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine », la cheffe de la diplomatie mozambicaine, Maria Manuela Lucas, a souligné le soutien de Maputo à l’idée de réparations symboliques et historiques. Elle évoque les souffrances de la colonisation : déportations, massacres, pillages, tortures, et impacts des essais nucléaires.
Chissano, lui, préfère miser sur l’avenir : « Notre peuple croit au changement. Il faut corriger nos erreurs, renforcer notre unité et notre résilience. »