Au Tchad, deux mouvements rebelles longtemps éloignés l’un de l’autre, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), basé dans le nord, et le Mouvement pour la paix, la reconstruction et le développement (MPRD), implanté au sud, annoncent un rapprochement stratégique. Un front commun pour combattre un ennemi qu’ils disent partager : le pouvoir en place, accusé de « corruption », de « pillage des caisses publiques » et d’« impunité généralisée ».
Les deux chefs rebelles, Mahamat Ali Youssouf (CCMSR) et Djedouboum Sadoum (MPRD), dénoncent « une caste de malfrats installée aux commandes de l’État depuis plusieurs décennies ». Dans un communiqué conjoint, ils affirment que le pays est « au bord de la dislocation » et justifient leur recours à la lutte armée comme « un choix par défaut, un cri d’indignation », après, selon eux, l’échec de toutes les voies démocratiques.
Cette alliance nord-sud est rare dans l’histoire du Tchad, souvent marquée par des rébellions fragmentées selon des lignes ethniques et régionales. Pour le chercheur tchadien Remadji Honaithy, ce rapprochement constitue « une réussite au moins symbolique et idéologique », signe d’une volonté de dépasser les clivages traditionnels.
Si les groupes du nord, comme le CCMSR, restent les plus actifs militairement, les mouvements du sud cherchent à retrouver une visibilité après plusieurs années de marginalisation. Mais leur poids réel demeure incertain. Une source proche du gouvernement admet que « le CCMSR peut représenter une menace », tout en minimisant la portée du MPRD, jugé « sans armes ni ancrage politique ».
L’armée tchadienne, dotée d’un arsenal renforcé grâce au soutien des Émirats arabes unis, conserve pour l’heure un net avantage militaire.
