Swaziland : liberté d’expression en danger

24706Les observateurs swazi s’inquiète de la tournure des récents événements face à la liberté de la presse. Au cours d’une affaire opposant un éditeur indépendant au système judiciaire, la cour a rendu son verdict. Il condamne l’éditeur et son rédacteur en chef à une amende d’environ 40.000 dollars dont la moitié est à payer avant le 28 de ce mois, sous peine d’aller en prison.

Tout commence lorsque l’éditeur rédige un article acerbe, sur la partialité et la complaisance du système judiciaire swazi. Le journaliste n’y est pas allé de main morte, jusqu’à provoquer le courroux du tribunal. L’éditorial va jusqu’à citer des affaires en particulier, qualifiantes l’action des juges de criminelle. La pilule que le système judiciaire n’a pas pu avaler est celle du deuxième article publié. Ce dernier cite nommément le juge en chef et affirme que le système judiciaire du pays a coulé.

Dès lors, la cour a réagi avec vigueur face à ces allégations. Ce qui inquiète les observateurs n’est pas tant la réaction de la cour que l’intensité de la réponse. En effet, pour le monde de la presse swazi, la réponse a été disproportionnée et la condamnation trop sévère. D’ailleurs, la procédure a été expéditive et les proches des intéressés la qualifient de sommaire. Pour la presse, il s’agit d’une violation de la constitution qui consacre la liberté d’expression. Frapper ainsi revient à museler la presse en brandissant la menace de prison et de lourde amende. La cour quant à elle, affirme qu’aucune violation constitutionnelle n’a eu lieu et qu’au contraire, elle a réagi face à des propos méprisants et scandaleux. C’est au titre d’outrage à la cour et de calomnie sur les juges de la cour suprême que les sanctions ont été appliquées.

Ainsi, bien que les deux partis s’accordent sur le droit à la cour de répondre quand elle se sent attaquée, ils divergent totalement sur la nature et l’intensité de la réponse. Le droit consacre un principe fondamental qui dit que la sanction doit toujours être proportionnelle à la faute commise  Malheureusement, il n’existe aucun appareil de mesure permettant cette évaluation