Immigration : La Belgique expulse à tour de bras

e5dbb19ba9115a60dc48c6f520737a25Sur base d’un récent accord d’expulsion des sans-papiers entre Conakry et Bruxelles, 28 ressortissants guinéens et 2 sénégalais ont été refoulés mercredi de Belgique vers le Sénégal en passant par la Guinée. Cette décision a suscité de vives réactions au sein de la société civile belge.

Les 30 passagers étaient tous des demandeurs d’asile. Après avoir été déboutés, ils ont été contraints de rebrousser chemin. Pour ce faire, le ministère belge de la Défense a mis à disposition un avion. Du côté du Royaume, l’Office des Etrangers (OE) a insisté sur le déroulement du voyage, « sans encombre » selon son commentaire. En outre, il ne comportait « ni familles ni enfants », a-t-il précisé. Juste après avoir atterris à Conakry, les ressortissants guinéens ont été enregistrés.

Est alors venu le moment, pour certains, de raconter leurs histoires, assez tristes dans la plupart des cas. A titre d’exemple, un d’entre eux a séjourné durant 15 ans en Belgique, période pendant laquelle il a demandé l’asile à trois reprises. Sans succès. Ayant épuisé ses possibilités de solliciter le statut de réfugié, le rapatriement lui a été imposé. Sans même lui laisser le temps de faire ses valises, d’après ses dires.

Le son de cloche est différent chez l’OE, qui affirme avoir préparé ces expulsions pendant de longs mois. Pour preuve, son directeur s’était rendu en Guinée, notamment, dans le but d’y informer l’opinion publique. A noter que cet Etat ouest-africain présente le taux le plus important de demandes d’asile en Belgique après l’Afghanistan. Malgré ce ton rassurant, certaines ONG se sont inquiétées du devenir des expulsés, redoutant qu’ils soient victimes de pratiques comme l’excision ou les mariages forcés à leur retour. A ce propos, une guinéenne victime de mutilation a été épargnée du rapatriement in extremis.

Mardi dernier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme, saisie à l’occasion, a estimé que certaines données de son dossier n’avaient pas été considérées et s’est donc opposée à cette expulsion. Beaucoup d’autres n’ont pas eu cette chance.