Sénégal : le pouvoir fissuré entre Diomaye Faye et le PASTEF

Les tensions s’exacerbent au sein du camp présidentiel sénégalais. Le remplacement d’Aïssatou Mbodj, présidente de la coalition « Diomaye Président », par l’ancienne Première ministre Aminata Touré, a provoqué une levée de boucliers du PASTEF, le parti du Premier ministre Ousmane Sonko. Cette décision révèle au grand jour les fractures politiques qui secouent la majorité issue de la victoire présidentielle de mars 2024.

Dans une lettre datée du 11 novembre, le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye annonce avoir mis fin, depuis le 10 septembre, aux fonctions d’Aïssatou Mbodj, invoquant la nécessité d’une « réorganisation » pour rendre la coalition plus efficace et mieux structurée. Il charge Aminata Touré, ex-superviseure de sa campagne, de conduire ce processus, dénonçant la « léthargie » et les divisions persistantes au sein du mouvement.

Mais la riposte du PASTEF ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié le même jour, le parti d’Ousmane Sonko rejette l’autorité du président sur la coalition. Il rappelle que « Bassirou Diomaye Faye n’a jamais été le président de Diomaye Président » et n’a donc « aucun pouvoir de révocation ». Le PASTEF affirme que la restructuration était déjà en cours sous la direction d’Aïssatou Mbodj et qu’elle a abouti à la création d’un nouveau cadre politique : l’Alliance patriotique pour le travail et l’éthique (APTE).

Le parti prend par ailleurs ses distances avec Aminata Touré, dont il dit ne partager « ni les valeurs ni les principes ». Cette confrontation marque un tournant dans les rapports entre le président Faye et le PASTEF, son propre parti d’origine, désormais divisé entre loyauté institutionnelle et fidélité à Sonko.