Gabon : la junte frappe le clan Bongo, un procès au parfum de revanche politique

Le verdict est tombé comme un symbole du nouveau rapport de force au Gabon. Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddine Bongo Valentin, figures centrales de l’ancien régime, ont été condamnés mardi soir par contumace à 20 ans de réclusion criminelle pour détournement de fonds publics, blanchiment et recel.

Une sentence lourde, prononcée par la Cour criminelle spécialisée de Libreville, dans un contexte de purge politique menée par la junte du général Brice Oligui Nguema, arrivé au pouvoir après le coup d’État d’août 2023.

Installés à Londres, les deux condamnés — absents du procès — devront également verser près de 1 000 milliards de francs CFA à l’État gabonais pour « préjudice moral », en plus d’une amende de 100 millions de francs CFA infligée à l’ex-Première dame.

Selon l’accusation, Sylvia et Noureddine Bongo auraient détourné plusieurs milliards de francs CFA via un réseau de sociétés-écrans et de comptes offshore. Mais pour leurs soutiens, cette procédure s’inscrit dans une stratégie d’élimination politique du clan Bongo, après plus d’un demi-siècle de domination familiale.

Depuis Londres, Noureddine Bongo a dénoncé un « procès sans preuves », orchestré selon lui par une justice « sous les ordres de la junte militaire ».

« On veut nous faire payer pour avoir incarné l’ancien régime », écrit-il sur X.

Depuis son arrivée au pouvoir, le général Oligui Nguema a promis une rupture totale avec l’ère Bongo et une lutte sans concession contre la corruption. Mais pour une partie de l’opinion, cette croisade judiciaire ressemble de plus en plus à une opération de légitimation politique, où la justice sert d’arme dans la recomposition du pouvoir post-Bongo.