Mali : le siège jihadiste de Léré pousse des milliers d’habitants à fuir vers la Mauritanie

Depuis la fin octobre, la ville malienne de Léré, dans la région de Tombouctou, est coupée du reste du pays. Les combattants du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affilié à al-Qaïda, y imposent un blocus total, empêchant l’entrée comme la sortie des habitants. Face à cette situation intenable, des milliers de civils ont pris la route de l’exil vers la Mauritanie voisine.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 2 500 personnes ont traversé la frontière en moins de deux semaines. « La majorité sont des femmes, des enfants et des personnes âgées, partis dans la précipitation, souvent sans rien emporter », indique Carole Lalève, représentante adjointe du HCR en Mauritanie. Beaucoup témoignent de traumatismes liés aux violences et à la faim.

Certains hommes demeurent sur place pour protéger leurs biens ou garder leurs troupeaux, tandis que d’autres cherchent ailleurs de quoi subvenir aux besoins de leurs familles.

La Mauritanie abrite aujourd’hui près de 300 000 réfugiés, pour la plupart originaires du Mali. Ce mouvement massif n’est pas nouveau : il a commencé dès 2012, lors de la première occupation jihadiste du nord malien, puis s’est intensifié depuis le départ de la Minusma en 2023, suivi de nouvelles vagues en 2024 et 2025.

Dans la région frontalière du Hodh Chargui, les réfugiés maliens représenteraient désormais près de 40 % de la population locale. Fuyant à la fois les groupes armés islamistes et les exactions de l’armée malienne soutenue par les paramilitaires russes, ces civils continuent d’affluer dans des conditions humanitaires de plus en plus critiques.