L’Afrique, nouvel épicentre mondial de l’État islamique

L’organisation État islamique (EI) a désormais déplacé le cœur de son activité vers l’Afrique subsaharienne, devenue son principal champ d’action et de recrutement. En 2024, près d’un tiers des attaques revendiquées par le groupe à travers le monde ont eu lieu sur le continent, une tendance qui s’est confirmée cette année.

On estime à 10 000 le nombre de combattants affiliés à l’EI en Afrique, répartis dans cinq provinces — ou waliya. Les plus puissantes sont la branche d’Afrique de l’Ouest, active autour du lac Tchad, et la branche sahélienne, qui sévit au Niger, au Burkina Faso et au Mali. Dans ce dernier pays, toutefois, le Jnim, groupe rival lié à al-Qaïda, conserve la suprématie.

En dix ans, ces deux factions ont considérablement étendu leur emprise territoriale et multiplié les attaques meurtrières, chacune regroupant environ 3 000 combattants.

D’autres zones du continent connaissent également une recrudescence d’activités jihadistes : dans l’est de la République démocratique du Congo, les rebelles ADF, désormais affiliés à l’EI, mènent régulièrement des raids sanglants contre des civils et des lieux de culte. Plus au sud, le Mozambique subit de nouvelles vagues d’assauts dans la province du Cabo Delgado, tandis qu’en Somalie, une filiale plus discrète du groupe joue un rôle clé dans la logistique et le financement de ses opérations internationales.

Autonomes dans leurs modes d’action, ces filiales africaines occupent une place croissante dans la stratégie globale du groupe État islamique. Leur montée en puissance témoigne d’un glissement du centre de gravité du jihad mondial vers le continent africain, où la fragilité des États et la porosité des frontières offrent un terrain favorable à son expansion.