L’opposant camerounais Anicet Ekane, président du Manidem et figure historique du pluralisme, est décédé dans la nuit du 30 novembre au 1ᵉʳ décembre dans les cellules du secrétariat d’État à la Défense à Yaoundé. Sa famille et ses avocats ont confirmé la nouvelle. Il avait été arrêté le 24 octobre à Douala, au lendemain de la présidentielle.
Ses conseils affirment que son état s’est fortement dégradé durant le week-end, malgré les soins prodigués par le corps médical militaire. Dimanche, son parti avait réclamé son transfert « en urgence » vers un établissement mieux équipé, prévenant qu’il tiendrait « le régime de Yaoundé responsable » d’un éventuel refus. Le décès est survenu 38 jours après son arrestation.
L’annonce a provoqué une onde de choc dans le pays. Médias locaux et réseaux sociaux multiplient les hommages à celui qui, durant près de 50 ans, fut une voix persistante de l’opposition. Ekane faisait partie des pionniers ayant lutté pour le multipartisme au début des années 1990, mouvement qui lui avait valu une condamnation par le tribunal militaire en 1990 pour « activités subversives ». Héritier revendiqué des nationalistes Um Nyobe, Moumié et Ouandié, il rappelait avoir assisté à l’exécution de ce dernier en 1983.
Fondateur du Manidem et plusieurs fois candidat à la présidentielle, il s’était de nouveau illustré lors du scrutin de 2025 : son parti avait d’abord investi Maurice Kamto, puis Ekane avait soutenu Issa Tchiroma Bakary, arrivé deuxième selon des résultats contestés. Ce positionnement lui avait valu des poursuites pour « insurrection » et « rébellion ».
Le ministère de la Défense assure qu’il bénéficiait d’un suivi « approprié » et annonce l’ouverture d’une enquête pour éclaircir les circonstances de son décès.
