Quatre ONG, dont Transparency International Cameroun et Action Aid France, ont adressé une mise en demeure à La Compagnie fruitière et à sa filiale camerounaise, Les Plantations du Haut-Penja (PHP), premier exportateur de bananes du pays. Elles dénoncent de graves violations des droits des travailleurs et des impacts environnementaux autour des plantations situées dans la région du Littoral.
Les organisations s’appuient sur les témoignages d’une cinquantaine d’employés et d’ex-salariés. Ceux-ci décrivent des journées pouvant atteindre 12 à 15 heures, des licenciements abusifs, ainsi que des titularisations rares même après de longues années de service. Ils rapportent également des conditions d’exposition aux pesticides jugées dangereuses : produits parfois interdits en Union européenne, protections insuffisantes ou inexistantes, et absence de mesures de sécurité pourtant requises.
Les habitants proches des plantations, qui couvrent près de 3 000 hectares, dénoncent pour leur part des épandages aériens et des rejets d’eaux usées. Pour Transparency International, cette mise en demeure vise avant tout à pousser la société mère française à faire respecter son « devoir de vigilance » par sa filiale camerounaise, sans entrer dans une confrontation directe.
PHP contrôle environ 80 % des exportations de bananes au Cameroun, soit 153 000 tonnes en 2024, majoritairement destinées à l’Europe. La Compagnie fruitière, qui revendique des démarches de durabilité et des partenariats comme celui avec le WWF pour développer le bio, affirme avoir déjà mis en place un plan de vigilance et un code de conduite.
Si certaines améliorations ont été constatées, les ONG les jugent « insuffisantes » face à l’ampleur des problèmes relevés sur le terrain. L’affaire place désormais le groupe français sous une pression accrue pour répondre à ces accusations.
