Le Maroc, moteur du monde arabe post-révolutions ?

Le Roi Mohammed VI a été le premier chef d’état à prendre directement contact avec le nouveau président tunisien élu, Moncef Marzouki pour le féliciter à la suite de son élection par l’Assemblée nationale constituante à la magistrature suprême.
Lors d’une conversation téléphonique, le Roi Mohammed VI a notamment souhaité au nouveau président Marzouki, « plein succès dans sa haute fonction à la tête de la république tunisienne».
De son côté, le nouveau chef d’état tunisien a fait part au Souverain marocain, de sa grande estime et a tenu à le féliciter pour le succès des réformes engagées dans le royaume visant la consolidation des acquis démocratiques et du développement socio-économique.
Déjà mardi dernier, juste après la prestation de serment par le nouveau chef d’état tunisien, le souverain marocain lui avait adressé un message écrit dans lequel, il louait ses qualités humaines et saluait le processus démocratique dans lequel s’est engagé le peuple tunisien, toutes tendances et composantes politiques confondues.
A travers l’échange de ces propos d’estime et de soutien entre les deux chefs d’état, les observateurs déchiffrent le message codé d’une parfaite convergence de vues et d’une volonté partagée de bâtir ensemble l’avenir non seulement des deux pays, dont les rapports ont été toujours excellents, mais aussi de cette Union du Maghreb Arabe qui tarde à décoller.
La montée au pouvoir des formations islamistes au Maroc et en Tunisie après les dernières élections législatives, estiment les mêmes observateurs, est de nature à rapprocher davantage les deux pays et à accélérer le processus d’intégration intermaghrébine.
Comme l’affirmait dans son message au président Marzouki, le Roi Mohammed VI se dit fermement déterminé à consolider les relations bilatérales et à les hisser à de hauts niveaux, au service des deux pays frères et « des aspirations des peuples maghrébins à l’unité, à la complémentarité et à l’intégration, dans le cadre d’une Union forte basée sur un nouvel ordre maghrébin capable de constituer un groupement actif et de poids dans son environnement régional et international ».
Le Maroc étant précurseur pour avoir entamé il y a longtemps de profondes réformes démocratiques que le printemps arabe vient juste d’imposer sur la scène arabe, constitue un modèle à suivre aux yeux des nouvelles autorités tunisiennes et d’autres dirigeants arabes, surtout que la transition dans le royaume chérifien s’est déroulée dans le calme et sans effusion d’une seule goutte de sang. A ce titre, le Maroc n’est pas seulement considéré comme précurseur en matière de démocratisation dans les pays arabes, mais il est perçu sur le plan géopolitique, comme étant le nerf moteur du monde arabe post-révolutions. Dans toute la région maghrébine, seule l’Algérie reste encore à la traine, figée dans son ancienne posture qui date de la guerre froide et tarde à rejoindre la tête du peloton.
Au Maroc, c’est le Roi Mohammed VI en personne qui s’est porté garant de la transparence des élections législatives anticipées du 25 novembre et qui ont porté les islamistes à la tête d’un gouvernement issu des urnes, au moment où les islamistes sont encore muselés ou interdits dans de nombreux autres pays arabes.

Avec les changements radicaux intervenus ces derniers temps au Maroc et en Tunisie, les observateurs sont unanimes à prédire un lendemain meilleur pour toute la région d’Afrique du nord, il suffit pour cela que l’Algérie fasse le premier pas pour faire table rase sur le passé et ouvrir une nouvelle page dans le processus démocratique en vogue dans toute la région maghrébine.