L’insécurité gagne du terrain au Cameroun

soldats-camerounaisUne forte ceinture de sécurité a été établie autour des différents camps abritant des installations policières et militaires de la capitale camerounaise, Yaoundé, où sont suspectés d’éventuels d’attentats de la secte islamiste nigériane Boko Haram.

Pour accéder à ces lieux sensibles, il faut désormais montrer patte blanche et décliner l’objet de la visite au secrétariat d’Etat à la Défense (SED) en charge de la gendarmerie, au ministère de la Défense (MINDEF) ou encore à la délégation générale de la Sûreté nationale (DGSN, police), où la circulation automobile et piétonne est désormais fortement règlementée.

Arme menaçante au poing, visage encagoulé et un casque lourd sur la tête, les hommes en tenue militaire font montre d’une sévérité particulière, n’hésitant pas à éloigner rudement les importuns.

«Vous pouvez bien comprendre qu’un tel dispositif ne peut être mis en place si nous n’avions pas reçu d’alertes sérieuses», explique, sous le sceau de l’anonymat, un gradé du MINDEF dont les locaux sont situés au cœur de la ville et dont la voie d’accès, qui dessert aussi d’autres parties de la ville, est interdite aux véhicules particuliers dès 18 heures, depuis quatre jours.

Dans les grands marchés de la ville, la présence policière a été renforcée et les piétons, surtout ceux portant de gros boubous ou des sacs volumineux, sont interpellés et minutieusement fouillés.

De même, les personnels des véhicules du transport interurbain n’embarquent plus que les bagages dont le contenu a été clairement identifié.

Dans des lieux de divertissement, les consommateurs doivent eux aussi se soumettre à la fouille au corps ou à l’inspection des sacs à main sous peine d’être interdits d’accès.

«Mes gros bras ont reçu des consignes stricts de ne pas laisser passer ceux qui s’opposent à ces contrôles, même s’ils avaient l’intention de faire de grosses dépenses», étaye Martin Noah, propriétaire d’un snack-bar au quartier Anguissa.

Ce climat de peur des attentats terroristes est encore plus ressenti la nuit venue, où les patrouilles de la police et de la gendarmerie se sont multipliées et alors que la rue se vide rapidement.

Ici, non seulement conducteurs et passagers en âge doivent présenter leur carte d’identité, mais en plus les coffres de véhicules et leurs bagages sont passés au peigne fin.

Mais les messages de vigilance à l’intention du grand public sont parfois aussi l’objet d’alertes fantaisistes, plusieurs cas de tentatives de lynchage ayant été signalés à travers la ville venant de personnes se croyant en présence de «suspects» ou présumés membres de Boko Haram.

Voici une semaine, par exemple, deux personnes de race blanche ont été interpellées à tort par les Equipes spéciales d’intervention rapide (ESIR, unité d’élite de la police) au quartier Briqueterie, qui abrite une forte communauté musulmane.

Dénoncés par un informateur, et alors que la police avait dans un premier temps annoncé qu’ils étaient en possession d’explosifs, on apprendra plus tard qu’ils n’étaient que de simples photographes free-lance en reportage et que les fameux «explosifs» étaient en réalité un lot de leur matériel de travail.