Vingt-trois ans après la fin de la guerre civile, l’ombre des mines continue de hanter l’Angola. Dans la province du Cuando Cubango, récemment scindée en Cuando et Cubango, les engins explosifs freinent l’agriculture, les routes et un tourisme encore embryonnaire. Cette région reste l’une des plus contaminées du pays.
La Halo Trust, organisation spécialisée dans le déminage, y concentre son action. Présente depuis 1994 et rendue célèbre par la visite de la princesse Diana en 1997, elle mobilise aujourd’hui près de 1 200 travailleurs, dont 420 à Mavinga, principal centre opérationnel. Selon son responsable local, Jack Holmes, plus de 120 000 mines et 600 000 engins explosifs ont déjà été détruits, mais près de 1 000 champs minés subsistent.
Depuis 2020, plus de 50 accidents ont été recensés dans le Cuando et le Cubango, causant au moins 37 morts. L’Agence nationale de lutte contre les mines estime que seulement 42 % des zones contaminées du Cuando Cubango avaient été nettoyées en 2023. Avec environ 73 millions de m² encore dangereux, l’Angola reste l’un des pays les plus minés au monde.
Au-delà de l’urgence humanitaire – plus de 80 000 victimes mutilées depuis 1975 – l’enjeu est aussi économique et environnemental. Sans déminage, impossible de relancer l’agriculture, d’attirer le tourisme ou de protéger la faune emblématique comme les éléphants .
Engagé par la Convention d’Ottawa, le pays s’était engagé à éliminer toutes les mines d’ici 2018. Mais après plusieurs reports, l’Angola a de nouveau demandé une prolongation jusqu’en 2025. Un objectif qui paraît encore hors de portée, tant le territoire reste piégé par cet héritage invisible de la guerre.