Mali : après l’incendie de dizaines de camions, les jihadistes du Jnim imposent leurs “lois” sur les routes

Au Mali, les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affiliés à al-Qaïda, étendent leur emprise sur les routes. Vendredi 17 octobre, ils ont incendié près d’une cinquantaine de camions-citernes entre Kolondiéba et Kadiana, dans la région de Sikasso, malgré la présence d’une escorte militaire. Ce convoi en provenance de Côte d’Ivoire transportait du carburant destiné à plusieurs régions du pays.

Le Jnim a diffusé des images de l’attaque, sans qu’aucun bilan officiel ne soit communiqué. L’incident survient quelques jours après une précédente embuscade sur le même axe, confirmant la stratégie jihadiste d’asphyxier Bamako en bloquant l’approvisionnement en carburant.

Les jihadistes ont également publié des vidéos montrant trois otages maliens — deux soldats et le président du conseil régional de Ségou, Siaka Dembélé — réclamant, sous la contrainte, l’intervention des autorités pour leur libération.

Mais le Jnim va désormais plus loin : il veut imposer un nouveau “code de conduite” sur l’ensemble du réseau routier malien. Ses combattants exigent que toutes les femmes voyageant en transport public portent le voile, interdisent toute collaboration avec les forces de sécurité, et imposent le dédommagement systématique en cas d’accident.

Ces nouvelles règles s’appliquent, selon eux, à toutes les compagnies de transport, y compris Diarra Transport, récemment autorisée à reprendre ses activités après avoir présenté des excuses publiques.

“Le porte-parole du Jnim parle comme s’il gouvernait le pays”, ironise un observateur à Bamako. Pour beaucoup, ces exigences confirment la perte de contrôle de l’État sur plusieurs axes routiers stratégiques. Les autorités de transition, elles, gardent le silence, appelant simplement la population à la “résilience” face à “un ennemi aux abois”.