La police soudanaise disperse une marche vers le palais présidentiel à Khartoum

Un médecin et un enfant sont morts jeudi au Soudan lors de la dispersion par la police des centaines de manifestants qui marchaient vers le palais de la Présidence en réclamant le départ du président Omar el-Béchir.

D’autres rassemblements ont été organisés à Khartoum et ailleurs dans le pays, dans le cadre de ce mouvement déclenché le 19 décembre au lendemain de la hausse des prix du pain et des médicaments, ainsi que par des pénuries. Ces contestations se sont ensuite transformées en rassemblements quasi-quotidiens appelant au départ d’el-Béchir, au pouvoir depuis 1989.

Cette protestation «ne conduira pas à un changement de pouvoir», a martelé lundi dernier Omar El-Bechir. «Il y a une seule voie vers le pouvoir, et c’est celle des urnes. Le peuple décidera en 2020», a étayé M. Béchir sur le sujet.

Des centaines de Soudanais se sont rassemblés à la mi-journée de jeudi dans le centre de Khartoum, comme c’est le cas depuis presque un mois, avant de se diriger vers le siège de la présidence de la république en scandant le slogan «Liberté, paix, justice». Mais la police est aussitôt intervenue pour les disperser à l’aide de gaz lacrymogènes, selon des témoins.

Des groupes se sont ensuite retrouvés dans le quartier de Buri, où manifestants et policiers ont échangé jets de pierre contre tirs de gaz lacrymogènes, d’après d’autres témoins.

Depuis le 19 décembre, 24 personnes sont mortes, selon un bilan officiel. Les ONG «Human Rights Watch» et «Amnesty International» parlent d’au moins 40 morts, dont des enfants et du personnel médical.

Environ 1.000 personnes dont des militants, des opposants et des journalistes, ont été arrêtées, selon des groupes de défense des droits humains.

La sécession du Sud en 2011 a aussi privé le Soudan des trois quarts de ses réserves de pétrole et de l’essentiel des revenus de l’or noir.

Au-delà de la baisse des subventions pour le pain, le Soudan fait face à un grave déficit en devises étrangères. Les habitants sont confrontés à des pénuries régulières d’aliments et de carburants, tandis que les prix de certaines denrées subissent une forte hausse.