Angola–Portugal : une complicité qui freine la démocratisation

Un débat organisé par l’Observatório da Imprensa Angolana a ravivé une question sensible : le rôle du Portugal dans la survie du régime du MPLA. Pour plusieurs universitaires et activistes, les élites politiques et économiques portugaises contribuent à maintenir l’Angola dans un système « cleptocratique », où les intérêts financiers priment sur les droits démocratiques.

La sociologue Luzia Moniz souligne que l’Angola sert de « blanchisserie » aux capitaux détournés, dont une partie irrigue l’économie portugaise. Selon elle, Lisbonne ferme les yeux sur les abus du régime en échange de profits : « Portugal est complice d’une pratique qui appauvrit les Angolais pour protéger son modèle de société ».

Karina Carvalho, directrice d’EthosGov, dénonce une « promiscuité entre politique et affaires » : le MPLA utilise des institutions démocratiques de façade pour se maintenir au pouvoir, tandis que les gouvernements portugais privilégient la stabilité économique. Elle rappelle que « les entreprises portugaises dépendent du MPLA pour prospérer » et que cette dépendance entretient la corruption endémique.

L’universitaire et député Raul Tati parle d’une « vassalagem réciproque », citant l’affaire Manuel Vicente comme exemple d’un Portugal « agenouillé devant le MPLA ».

Cette complicité structurelle fait du Portugal un acteur clé dans le blocage des réformes démocratiques. Derrière les discours sur la « fraternité lusophone », la priorité reste la protection des flux économiques entre Lisbonne et Luanda.

Pour les intervenants, seule une pression citoyenne, au Portugal comme en Angola, pourrait briser ce statu quo. En l’état, les intérêts croisés des élites continuent de peser davantage que l’exigence de transparence et de démocratie.