La contestation autour des élections législatives et locales du 27 septembre au Gabon prend une tournure inquiétante. Après les opposants et plusieurs partis politiques, c’est désormais l’Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER), organe public, qui dénonce officiellement de graves irrégularités.
Dans sa déclaration du 30 septembre, l’ACER a pointé l’absence de bulletins pour certains candidats, le manque de listes d’émargement, des isoloirs non conformes et des retards importants dans l’ouverture de bureaux de vote. Mais c’est surtout l’usage abusif des procurations qui concentre les critiques, plusieurs candidats battus accusant le parti présidentiel, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), d’avoir organisé des fraudes massives.
Cette prise de position inédite fragilise directement la crédibilité du scrutin. L’ACER demande l’annulation ou la reprise du vote dans plusieurs circonscriptions, y compris à l’étranger, et annonce des poursuites judiciaires contre les commissaires électoraux impliqués.
À l’échelle internationale, ce signal d’alarme pourrait ternir l’image du président Brice Clotaire Oligui Nguema, dont le parti est donné vainqueur. Dans un contexte régional marqué par des transitions politiques instables et une défiance croissante envers les institutions électorales, le cas gabonais risque d’alimenter les critiques sur le manque de transparence démocratique en Afrique centrale.
Pour les partenaires étrangers, notamment l’Union africaine, la CEEAC et l’Union européenne, ces accusations posent un dilemme : faut-il reconnaître les résultats provisoires ou exiger des garanties supplémentaires de transparence ? Au-delà du Gabon, c’est la question de la légitimité des institutions électorales dans la région qui se retrouve une nouvelle fois sous les projecteurs.