À dix jours de l’élection présidentielle du 12 octobre, la campagne au Cameroun reste paralysée dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Depuis plusieurs semaines, les séparatistes y imposent des mots d’ordre de « villes mortes » : écoles fermées, activités économiques au ralenti et climat de peur. Certains groupes armés menacent même de prolonger ce boycott jusqu’au jour du scrutin.
Dans ce contexte, la société civile tente de sauver la participation électorale. Ayah Abine, président de la fondation Ayah basée à Buea, appelle les autorités comme les groupes armés à permettre aux citoyens anglophones de voter. Pour lui, priver ces régions de leur droit de suffrage constituerait une « faute politique grave » et renforcerait leur marginalisation.
« L’économie est à terre, les écoles ne fonctionnent pas. Moi, je prendrai le risque d’aller voter, mais beaucoup n’auront pas ce courage face aux hommes armés », confie-t-il. Selon lui, le scrutin est crucial pour que les populations anglophones puissent envoyer un message clair au président Paul Biya, qu’il soit de soutien ou de rejet.
Depuis le début de la crise en 2017, les régions anglophones vivent sous le double étau des violences séparatistes et de la répression militaire. À l’approche du scrutin, la mobilisation électorale apparaît donc comme un enjeu politique et symbolique majeur : permettre à ces populations de participer au choix national malgré l’insécurité, ou les exclure de fait d’un processus qui décidera de l’avenir du pays.