Huit ans après sa libération et trois ans après son divorce d’avec Laurent Gbagbo, Simone Ehivet, 79 ans, se lance dans la course à la présidentielle ivoirienne. Une nouvelle étape dans le parcours d’une femme longtemps au cœur de l’histoire politique de son pays.
Née en 1946 à Moossou, près de Grand-Bassam, orpheline de mère à cinq ans, elle gravit patiemment les échelons de l’école républicaine jusqu’à devenir professeure et docteure en linguistique. Très tôt, elle se passionne pour le militantisme et la justice sociale. Dans les années 1980, alors que la Côte d’Ivoire vit encore sous le parti unique, elle participe à la création clandestine du Front populaire ivoirien (FPI) avec Laurent Gbagbo, qu’elle épousera plus tard.
Députée d’Abobo en 1995, elle s’impose comme une figure politique de premier plan, symbole d’une génération d’intellectuels contestataires. Première dame en 2000, elle reste influente au sein du pouvoir et du parti, notamment pendant la guerre civile de 2002. Ses partisans la voient comme une résistante ; ses détracteurs, comme une femme dure, omniprésente dans les cercles du pouvoir.
Son destin bascule en 2011 avec la chute de son époux. Arrêtée à Abidjan, condamnée à vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, elle passe sept ans en détention avant d’être amnistiée en 2018. Loin de se retirer, elle fonde son propre parti, le Mouvement des générations capables (MGC), et sillonne le pays.
Candidate à la magistrature suprême, Simone Ehivet incarne désormais un pari audacieux : transformer son passé de combattante et de première dame déchue en promesse d’alternance politique.