En République démocratique du Congo, le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, condamne fermement les processus de Washington et de Doha, qu’il juge dangereux pour l’avenir du pays. Dans une déclaration publiée ce week-end, il critique des initiatives de paix élaborées « loin du peuple congolais », sans transparence ni volonté d’enrayer les causes profondes du conflit. Il appelle la population à « refuser d’être la variable d’ajustement des rivalités géopolitiques ».
Selon lui, les protocoles de l’accord de Doha sont « illégitimes et incapables d’assurer une paix durable ». Sur les huit documents prévus, seuls deux ont été paraphés, alors que les rebelles de l’AFC/M23 poursuivent leurs offensives. Mukwege dénonce aussi l’absence de retrait des troupes rwandaises des zones occupées, malgré les dénégations de Kigali.
Le médecin estime que les Congolais sont pris en étau : d’un côté, un gouvernement « défaillant » dans la défense de la souveraineté ; de l’autre, un Rwanda « stratège et criminel », déterminé à contrôler les ressources naturelles du pays. Il fustige également l’ingérence d’acteurs économiques étrangers déjà engagés dans ce qu’il décrit comme des « dynamiques de prédation ». Dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, la situation s’apparente, selon lui, à une « annexion de fait ».
Mukwege affirme que les initiatives de Washington et de Doha répondent surtout à des intérêts géostratégiques extérieurs et ne changent rien au sort des millions de Congolais déplacés, affamés ou privés de leurs droits fondamentaux.
Le leader de l’opposition Martin Fayulu demande pour sa part que l’accord soit rendu public avant toute signature et appelle à rejeter tout texte susceptible de « porter atteinte à la souveraineté de la RDC ».
