Réunis à Bamako, les dirigeants du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont tenu le deuxième sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES), à peine plus d’une semaine après celui de la Cédéao. Une rencontre à forte portée symbolique, marquée par l’annonce récente du président malien Assimi Goïta de la création d’une force armée conjointe. Pour la presse sahélienne, il s’agit d’un signal sans équivoque : les trois pays entendent désormais prendre en main leur sécurité et assumer un destin commun, en rupture assumée avec la coopération militaire française et avec la Cédéao.
Cette fracture régionale suscite toutefois des regrets. Le journal L’Alternance rappelle que les États ouest-africains, qu’ils soient membres de la Cédéao ou de l’AES, partagent une histoire, un espace et des intérêts économiques communs. S’il juge légitime que les pays confrontés à une grave crise sécuritaire s’unissent contre le terrorisme, le titre estime qu’une coopération entre les deux blocs resterait souhaitable. Une hypothèse jugée peu réaliste à court terme, tant les relations sont aujourd’hui dégradées.
Dans ce contexte, l’AES mise sur la démonstration de cohésion. La mise en scène militaire accompagnant l’annonce de la force unifiée visait à projeter l’image d’une armée structurée et crédible. L’accueil populaire réservé à Bamako au général nigérien Abdourahamane Tiani, entre drapeaux, chants et slogans en faveur de la « souveraineté retrouvée », illustre cet élan.
Reste l’épreuve décisive : transformer les symboles en résultats concrets. Après l’annonce, l’opérationnalisation. La presse sahélienne avertit : l’échec du G5 Sahel demeure dans toutes les mémoires.
