Le journaliste et patron de presse sénégalais Madiambal Diagne, fondateur du Quotidien, est désormais visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice de son pays. L’ancien greffier, connu pour ses critiques acerbes contre l’actuel tandem présidentiel Diomaye Faye–Ousmane Sonko, est accusé d’avoir perçu plus de 32 millions d’euros de rétrocommissions entre 2020 et 2023.
Alors qu’il faisait déjà l’objet d’une interdiction de sortie du territoire et d’une convocation par la Division des investigations criminelles (DIC), Madiambal Diagne a réussi à quitter le Sénégal le 24 septembre en transitant par la Gambie, avant de rejoindre la France. Sur les réseaux sociaux, il a confirmé son départ et assuré qu’il se présenterait « devant la justice » avant toute exécution du mandat international.
Cette fuite a provoqué un séisme au sein de l’appareil sécuritaire sénégalais. Le ministre de l’Intérieur a limogé plusieurs responsables de la police, dont les chefs du commissariat spécial de l’aéroport Blaise-Diagne et de la DIC, accusés de laxisme, et a annoncé l’ouverture d’une enquête interne pour complicité éventuelle.
L’affaire ne s’arrête pas là : l’épouse de Madiambal Diagne et ses deux fils ont été placés en garde à vue, tandis que l’enquête porte sur des marchés publics liés à la construction de palais de justice. Déjà mentionné dans un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) en 2024, le patron de presse voit aujourd’hui sa réputation et sa liberté menacées par cette affaire à la fois judiciaire et politique, qui secoue le paysage médiatique et institutionnel du Sénégal.