Au Gabon, les élections législatives et locales du 27 septembre 2025, censées tourner la page de l’ère Bongo et renforcer la légitimité des institutions de transition, laissent déjà un goût amer. Selon les résultats partiels annoncés par le ministre de l’Intérieur, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), parti fondé il y a trois mois seulement par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, arrive largement en tête. L’UDB a remporté les principales circonscriptions, mais devra affronter le 11 octobre prochain plusieurs seconds tours, sur les 145 sièges que comptera la future Assemblée nationale.
Face à ce nouveau parti présidentiel, le Parti démocratique gabonais (PDG), qui a régné sur le pays durant plus de cinquante ans avant d’être renversé par le coup d’État d’août 2023, tente de résister. Il a placé le plus grand nombre de candidats au second tour. D’autres forces politiques, comme l’Union nationale de Paulette Missambo et le Rassemblement pour la patrie et la modernité d’Alexandre Barro Chambrier, parviennent à sauver leur place dans le paysage parlementaire.
Mais le scrutin est entaché de sérieux doutes. Bulletins de vote retrouvés au sol, urnes renversées, enveloppes ouvertes à l’étranger, accusations de convoyage d’électeurs et d’utilisation massive de procurations : les témoignages et images circulent abondamment, nourrissant les soupçons de fraude. Plusieurs responsables politiques, dont le Premier ministre de la transition Raymond Ndong Sima, dénoncent une organisation « chaotique » et la persistance d’un « système » que le coup d’État d’août 2023 promettait d’abolir. Le PDG réclame même l’annulation pure et simple du scrutin sur tout le territoire.
La Cour constitutionnelle, saisie, doit examiner les recours jusqu’au 8 octobre, à seulement trois jours du second tour. Quelle que soit son verdict, la transition gabonaise apparaît fragilisée : loin de l’exemplarité promise, ces élections révèlent déjà un retour aux pratiques décriées du passé.