Blaise Compaoré : l’Homme du Burkina et du Faso

Blaise-Compaore4Le gouvernement Burkinabè a tenu hier un conseil des ministres extraordinaires suite auquel il a adopté un projet de loi «sera soumis à l’assemblée nationale en vue de la convocation d’un référendum, conformément à l’article 163 de la Constitution ». Le référendum concerne la révision de l’article 37 de la constitution, qui permettrait au président Compaoré de briguer un nouveau mandat.

La Haute Volta

Ancienne colonie française, le pays des « hommes intègres » était dénommé Haute Volta, et était rattaché à l’actuelle Côte d’Ivoire (Basse Volta). Ayant acquis l’indépendance en 1960, le pays fut pris dans la tourmente de la Guerre froide, subissant néocolonialisme et la guerre interposée entre l’Est et l’Ouest. Le pays a connu une succession de régime militaire jusqu’à la révolution de 1983 mené par le légendaire Thomas Sankara. D’obédience marxiste, le jeune Sankara avait mis le pays sous une marche forcé, tentant de l’émanciper de la sphère d’influence française au profit de la soviétique. Sa disparition en 1987 a laissé la place à son compagnon d’armes, l’actuel président Blaise Compaoré, qui a fait survivre la révolution de 1983, s’est débarrassé de son uniforme, et a mené une grande campagne de libéralisme économique dans les années 90 pour développer le Burkina.

Une zone sous haute tension

Le Burkina est un pays enclavé entre le Mali, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, et le Niger. Cette zone fait partie des zones les plus anxiogènes d’Afrique. A l’ouest du pays, la guerre au Mali avec les djihadistes d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), et le conflit avec les Touaregs du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) posent un sérieux danger aux frontières. Au sud, la secte islamique Boko Haram qui sévit au Nigéria et au Niger, qui vient de prêter allégeance à l’Etat Islamique (EI) menace d’embraser le Nigéria dans une guerre religieuse entre chrétiens et musulmans. A l’est, la crise en Centrafrique sous couvert de conflit ethnique est également un brasier dont la chaleur peut être ressentie jusqu’ Ouagadougou. La crise épidémique sanitaire et humanitaire d’Ebola qui sévit dans la région rajoute un ingrédient à ce cocktail explosif. La crise ivoirienne de 2010 en Ouattara et Gbagbo a fait fuir de nombreux membres de la diaspora Burkinabè en Côte d’Ivoire qui ont tout perdu et se retrouve dans une situation précaire au Burkina.

Le sage de la région 

Etant donné sa qualité de doyen, sa notoriété auprès des chefs tribaux, et le respect dont il bénéficie de la part de ses pairs, Blaise Compaoré a mené plusieurs missions d’apaisements, et de médiation en Afrique (Togo, Guinée, Côte d’Ivoire, Mali). En 2008, le président Burkinabè a reçu le prix Galileo pour la médiation des conflits ethniques et sociaux. Il était au cœur de la résolution de la première crise ivoirienne en 2007 entre Gbagbo et le leader de la rébellion Guillaume Soro. De plus, Il fut désigné comme le médiateur de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans le conflit malien de 2012. Fort de ses relations dans la région, le président a dépêché son homme de confiance Moustapha Chafi sur le terrain lors de plusieurs négociations de libérations d’otages européens kidnappés par les djihadistes d’AQMI et du Mouvement d’Unicité pour le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

Des soutiens forts

Le président Compaoré bénéficie de soutien puissant à l’intérieur et à l’extérieur du pays. L’Afrique étant basé sur les alliances tribales, obtenir l’aval des chefs de tribus et des anciens est un élément essentiel dans la gouvernance. Blaise Compaoré bénéficie de cette confiance, ce qui lui permet d’asseoir sa légitimité pour diriger la transition démocratique dans le pays. Un autre soutient fort et qui représente la transition démocratique que connait actuellement la région est Macky Sall. En effet, le président sénégalais a affirmé en Septembre dernier devant Annick Girardin, la Secrétaire d’Etat française au développement et à la francophonie, qu’il soutenait le président Burkinabè pour son mandat en 2015, car il « contribue grandement à la stabilité de son pays et de la sous-région ».